A fond la caisse (fin)

VASSEUR
C’est moi qu’ils cherchent. La bigote m’a balancé.

LAROCHE
Ils nous cherchent tous les deux… (arrivé à la voiture) Vite vite, démarrez comme vous avez fait, avec les fils de contact !

VASSEUR
( dépressif) Non

LAROCHE
Quoi, non? Mais j’ai Sylvette au cul !

VASSEUR
Je reste là… Je suis bien là.

LAROCHE
Vous voulez repartir en taule c’est votre problème, moi je veux pas retourner en couple !

Laroche lui prend son pistolet et le braque avec.

LAROCHE

Démarrez cette bagnole!

Les policiers alertés par les cris et voyant Laroche avec une arme, dégainent à leur tour.

UN FLIC
Lâchez votre arme !

Laroche lève les mains en l’air.

int. PÉNOMBRE. UNE CELLULE

Laroche est allongé sur un lit couchette, en train de lire. Un cliquetis de clés, la porte de la cellule s’ouvre. Apparaît un gardien.

MATON
Laroche ! Visite !

LAROCHE
(l’air paniqué) Non! S’il vous plait !Dites lui que je suis malade !

MATON
Arrête tes manières, tu vas venir au parloir comme tout le monde !

EXT. LA CELLULE

Les hurlements de Laroche raisonnent dans tout le couloir. Deux gardiens sortent de la cellule. Ils n’étaient pas de trop pour en extraire le prisonnier.

LAROCHE
(se débattant) Nooooon !

UN MATON
(commentant)Ben dis donc, c’est le grand amour avec sa greluche!

int. LE PARLOIR DE LA PRISON

Laroche et sa femme Sylvette se parlent par vitre interposée.

SYLVETTE
Tiens bon, François, il ne te reste plus que deux semaine. Pépite t’attend, tu sais. Elle perd beaucoup son poil, le stress de ton absence. Madame Dubreuil me demande de tes nouvelles. Nous referons des soirées bridge avec elle, à ton retour ! Oh, et puis j’ai hâte de refaire les magasins avec toi ! François, nous allons reprendre notre vie d’avant !

« Notre vie d’avant ! » Les mots résonnent à coups redoublés dans la tête de Laroche, lequel grimace une moue accablée.

SYLVETTE
Quelle idée t’as eu d’avoir voulu aider un gangster ! C’était vraiment chercher des histoires !… Enfin, nous serons bientôt de nouveau réunis.

int. COULOIR DE LA prison

Vasseur tient en otage un homme habillé en robe d’avocat, un culot d’ampoule brisé pointé vers sa carotide.

AVOCAT

(articulant)Laroche, vous aggravez votre cas!

VASSEUR
Tais-toi et avance…

Des matons accourent, alertés par l’agitation des détenus excités par les événements. Le détenu les tient à distance.

VASSEUR
Vous me laissez sortir ou je lui taille un joli sourire ! C’est clair?

AVOCAT
(affolé) Faites ce qu’il vous dit !

Les gardiens s’écartent.L’homme et son otage passent une porte coupe-feu. De l’autre côté de celle-ci, c’est le barouf dans les cellules. La raison? Une deuxième prise d’otage est en train de se jouer. Laroche tient un gardien sous la menace d’un morceau de verre.

LAROCHE
(entouré de gardiens) ‘tention, n’approchez pas, je rigole pas !

Il voit débouler Vasseur et son otage.

LAROCHE
Mais c’est Alexandre !

VASSEUR
(stupéfait) Laroche? Mais qu’est-ce que tu fous?

LAROCHE
Les grands esprits se rencontrent! On a pensé à une évasion le même jour !

VASSEUR
Mais je rêve ! Mais quel con ! T’en avais que pour deux mois, toi!

LAROCHE
Sortir pour retrouver Sylvette! Je préfère encore le maquis !

Le directeur de la prison accourt

DIRECTEUR
Vasseur ! Laroche !Vous ne sortirez jamais d’ici ! Relâchez les otages !

VASSEUR
(aboyant)Dégagez la route ou on les découpe !

Le directeur marque une hésitation avant de signifier l’ordre aux gardiens de s’écarter. On voit les deux preneurs d’otage prendre la direction de la sortie du couloir tout en se parlant, comme si de rien n’était,

VASSEUR
(à son acolyte) Que ce soit clair, on sort mais, une fois dehors,je veux pas t’avoir dans les pattes…

LAROCHE
Vous allez avoir besoin d’un chauffeur.

VASSEUR
T’es un danger public! Je préfère encore prendre le bus.

LAROCHE
Alors je vous ferai à manger. Je fais des bons petits plats… Sylvette, elle savait pas cuisiner.

VASSEUR
(en soupirant)Tu pouvais pas t’évader demain ?

LAROCHE
Soyez pas ronchon ! On forme pas une belle équipe, maintenant?

(Le son de leurs voix diminue peu à peu.Fondu noir tandis que les deux hommes disparaissent vers un avenir fort incertain.

FIN