La vita è bella (la vie est belle)

La vie est belle (La vita è bella) est une comédie dramatique italienne écrite et réalisée par Roberto Benigni sortie en 1997. Palme d’Or à Cannes en 1996.

J’ai revu ce très beau film très récemment et j’ai ressenti le besoin de poser ces quelques mots. Attention, ce texte raconte en partie l’histoire. Ceux qui ne l’ont jamais vu, ne lisez pas ce qui suit… Ou bien après l’avoir regardé.

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Peut-on aborder l’holocauste sous l’angle de l’humour ? On pensait l’exercice impossible à relever sous peine de passer sous les fourches caudines des associations mémorielles. L’iconoclaste Roberto Benigni, lui, a relevé le défi avec un indéniable talent. Le ton de cette fable n’est pas tant burlesque (on n’est pas tout à fait chez Chaplin, même si le comédien lui rend hommage par force mimiques) que poétique, cette poésie colorée des comédies italiennes d’antan, ce qui en fait presque un film irréel dans un contexte si terriblement réel : la Shoah. Vers la fin de l’histoire, Guido, le héros campé par Roberto Bénigni murmure tandis qu’il suit un cortège de prisonniers : « C’est un rêve. On va se réveiller, puis boire du chocolat au lait et tremper nos biscottes. Puis j’irai dans la chambre avec elle (Dora, sa femme) et je lui ferai l’amour deux fois… si j’y arrive. » Où s’arrête le rêve ? Ou commence la réalité ?
Dans la première moitié du film, Guido semble vivre dans un monde de fantaisie, un monde de cirque où il est le clown gai. Il est l’incarnation d’une jeunesse insouciante dans une Italie de carte postale semblable à celle de la Dolce Vita. Le fascisme mussolinien rampe, inexorablement, mais ce n’est pas le premier des soucis de Guido. Quand des fascistes peignent : « Sale Juif » sur son cheval blanc, il ne prend guère au sérieux les conseils de son ami qui lui recommande d’être prudent : « Quoi ? Quoi ? Mais qu’est-ce que tu veux qu’il m’arrive ? » Car le bondissant serveur de restaurant vit sur un nuage, amoureux de Dora, Nicoletta Braschi, une belle institutrice. Et de nous répéter le numéro de Gene Kelly qui danse dans la rue… Mais pas sous la pluie.
La pluie vient cinq ans plus tard, et elle s’accompagne du ronflement de moteur des jeeps allemandes et du hurlement du train en route pour un camp de concentration. Pas confortable le train, se plaint son jeune fils Giosue né dans l’entrefait, avec qui il s’est trouvé arrêté. « T’as raison, répond-t-il avec sa verve coutumière, pour revenir on prendra l’autobus. » L’autobus… Tout le stratagème, tout le génie du héros, se trouve résumé dans cette réplique. Car il fera tout pour convaincre son enfant, l’adorable Georgio Cantarini, petit acteur prodigieux, qu’ils vont dans ce camp pour s’amuser. C’est comme un jeu de cache-cache où ils ne doivent pas se faire voir par les méchants. Et d’inventer un système de points, comme à la loterie, que s’ils en gagnent 1000 ils pourront sortir. Et le petit garçon aura en cadeau un char grandeur nature !
Guido trouvera jusqu’au bout, dans l’amour de Giosue, la force de survivre et de lui cacher la terrible réalité. Jusqu’au bout il sera son clown, épuisant ses dernières forces, après une journée passée à transporter des enclumes, à lui parler, dissiper ses moindres doutes sur la réalité du jeu, faire le pitre. Mais il n’oublie pas non plus sa femme qui s’est enrôlée dans le camp, dès l’annonce de leur arrestation. La scène où Guido fait retransmettre par les hauts parleurs des miradors l’air d’opéra du jour de leur rencontre, est d’une intense émotion. Peu de larmes coulent sur les joues des protagonistes, toute l’émotion passe dans le jeu des regards et le numéro burlesque de Benigni. Le ton du film reste pourtant assez léger, le cinéaste ne nous montre pas de scène choc, la force émotionnelle réside justement dans cette sobriété.
La toute fin du film, quand l’enfant voit un char américain débarquer dans le camp et croit à son cadeau, est tout simplement sublime. Papa ne m’aurait pas menti ! Ben non, pourquoi il aurait fait ça ?
Merci Monsieur Benigni pour cette poignante leçon d’humour et d’amour. Si le message pouvait passer une bonne fois pour toutes sur cette Terre, mais ce serait rêver.

Des analyses plus pointues et d’autres points de vue sur cette oeuvre.
http://www.persee.fr/web/revues/…/xxs_0294-1759_1999_num_63_1_3871‎

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