Le gardien (2) Par Pierre

Chapitre 2

Le jeune homme tourna quelques minutes en rond dans son petit appartement. Il n’avait pas vraiment cherché à s’y installer, à en faire son chez-lui. Les cartons constituaient l’essentiel du mobilier de la pièce. Ils s’empilaient sur plusieurs hauteurs. Un pan entier du mur en était recouvert. Le jeune homme alla dans la salle de bain, tourna le robinet et s’aspergea d’un peu d’eau. Il retourna dans la pièce principale pour y boire une gorgée d’une petite bouteille d’eau minérale qu’il posa ensuite sur la table à roulette disposée au milieu de la pièce, sur un grand tapis. Il ouvrit un livre et le prit pour finir de le lire dans son lit. Le sommeil le gagna rapidement. Il ne chercha pas à lui résister. Il avait besoin de dormir pour reprendre des forces. Au petit jour, son téléphone sonna sur le sol. Il l’attrapa et décrocha dans le même mouvement.
– Monsieur Leblanc, il est 6 heures du matin ! fit une voix robotique.
– Merci répondit Denis Leblanc.
Il raccrocha et pensa que ce service de réveil était parfait pour lui. Il s’assit quelques instants sur le bord du lit et se leva pour une journée de travail en usine. Cela lui assurait le minimum vital pour manger, payer son loyer, et assurer ses petits plaisir, en particulier les livres.
Juste après sa journée de travail, il retourna dans son deux-pièces. Denis Leblanc avala son repas et attendit le couché du soleil.
Il déplaça la table à roulette et enleva le tapis. Des symboles étaient dessinés sur le sol, certains à la peinture et d’autres à la craie. Il alluma des bougies et les plaça sur certains symboles. Il enleva le médaillon qu’il portait autour du cou et le posa sur la table. Le médaillon était en argent et gravé d’un dragon stylisé entouré de flammes et de nuages. Les yeux du dragon étaient incrustés de pierres rouges. Les flammes qui sortaient de sa gueule étaient en or.
Denis Leblanc balaya la pièce du regard et arrêta celui-ci sur un coffre en bois recouvert d’une couverture en laine. Il ouvrit la malle d’un mouvement sec et décidé. La caisse était vide, avec quelques moutons de poussière dans le fond. Il passa la main sur le coté du coffre et trouva un petit pivot de bois saillant. Il appuya dessus pour l’enfoncer dans la paroi. Un double-fond s’ouvrit, où étaient dissimulés des vêtements.
Il enfila un pantalon en toile noire, une cote de maille légère par dessus laquelle il mit un pull. Denis Leblanc releva la planche qui était tombée du couvercle et mit la main dans le coffre pour lever un deuxième double fond. Il en sortit une ceinture en cuir ainsi qu’un fourreau et une épée qu’il attacha à sa taille. Il glissa des poignards dans des encoches prévues à cet effet. Il referma le coffre et ouvrit les encoches de coté pour prendre de la main droite une petite arbalète qu’il déplia en un mouvement du poignet.
Le jeune homme se rendit dans la cuisine prendre une pomme et du pain qu’il glissa dans un sac. Il mit celui-ci en bandoulière et vérifia d’un regard le contenu. Il retourna au centre du dessin et s’agenouilla. Il prit un livre posé au sol à coté du dessin, le feuilleta rapidement jusqu’à s’arrêter à une page. Celle-ci montrait une représentation mégalithique. Il se leva pour prendre le journal et tourna plusieurs pages afin de voir ces mêmes pierres en photographie. L’article disait que quatre personnes avaient perdu la vie de façon inexpliquée dans une petite île de la Manche . Les corps avaient subis de fortes mutilations . Denis Leblanc avait tout de suite compris qui se trouvait derrière ces attaques et ces meurtres.
Il devait stopper cela tout de suite.
Dans un mouvement, il jeta le journal dans la pièce et s’agenouilla au milieu du dessin. Il lut attentivement l’incantation qui devait lui assurer le moyen de se rendre sur l’île. Le jeune homme redessina certains symboles à la craie, au centre du dessin, pour parachever le rituel magique. Il commença à réciter la formule. Un nuage de fumée l’enveloppa. Il sentit l’air changer autour de lui. Il pouvait déjà humer l’iode de la mer. La fumée blanche se dissipa autour de lui. Il était dans le noir complet.
Il devait attendre que ses yeux s’habituent à l’obscurité, mais surtout récupérer des forces, car cette opération demandait beaucoup d’énergie magique. Se déplacer d’un endroit à l’autre dans un même monde était épuisant. Passer d’un univers à l’autre, cela pouvait s’avérer mortel pour une personne non entraînée. Cela dura quelques minutes. Denis Leblanc pouvait parfaitement marcher dans la nuit.
Il s’orienta vers des points lumineux au loin, en déduisit que cela devaient être les habitations. Les premières maisons étaient vides. Il serra le poing. C’était ce qu’il redoutait, les habitants avaient été enlevés. Il fit rapidement le tour sans toucher à quoi que ce soit afin de ne pas laisser de traces.
Il traversa la campagne pour se rendre au site des mégalithes. Celui-ci était structuré en deux cercles de pierres : certains menhirs étaient tombés, d’autres commençaient à être recouverts de verdure et de plantes grimpantes. Le jeune homme arriva à une cinquantaine de mètres et s’accroupit à l’abri des regards, derrière un buisson d’épines. Il regarda devant lui, sortit des jumelles de son sac et scruta dans cette direction.
– Merde, murmura-t-il.
Il avait reconnu un mage, le visage dissimulé derrière une capuche, flanqué de ses deux gardes du corps et de soldats d’élite, en pleine séance de magie noire. Autour d’eux une dizaine de gobelins couraient d’un lieu à un autre et surveillaient une dizaine de personnes de différents âges. Quelques uns avaient été extirpés de leur lit car ils portaient des vêtements de nuit.
Les gobelins étaient des êtres assez petits, d’environ un mètre vingt, avec la peau grisonnante. Ils portaient des vêtements récupérés sur des corps, souvent déchirés et rapiécés. Leurs armes étaient, la plupart du temps, glanées de la même façon. Denis Leblanc passa en revue toutes les possibilités que lui offrait le terrain pour lancer son attaque en quelques secondes. Il arma son arbalète et prépara des flèches supplémentaires.
Il s’approcha doucement sans faire de bruit en se déplaçant le plus souvent en rampant. Il était à distance de tir. Quand il fut à porté de sa cible, il visa le premier gobelin et jeta un regard sur les autres. Denis Leblanc attendit, guetta un moment d’inattention de leur part pour décocher sa flèche. Le carreau entra dans le crâne d’un gobelin qui s’effondra sur le sol.
Denis Leblanc jeta un regard vers les sentinelles restantes. Aucune ne semblait avoir remarqué l’absence de leur camarade. Il plaça une seconde flèche dans la glissière de l’arbalète. Il s’avança doucement en rampant et se cacha derrière une pierre. Il prit un poignard par la lame et se prépara à le lancer. Il observa et, au passage du premier gobelin, lui lança le poignard lequel se planta dans sa gorge. La créature s’écroula dans un bruit de métaux lourd.
Le vacarme attira l’attention des autres gobelins. Denis Leblanc devait se jeter dans la bataille sans réfléchir. Il lança ses autres poignards vers ses adversaires. Tous s’écroulèrent morts, sauf deux. Denis n’avait plus d’arme à lancer. En criant, les gobelins prirent leurs lames et se jetèrent sur le jeune homme qui défourailla et para la première attaque sans difficulté, du tranchant de la lame. D’un mouvement rapide, il trancha le bas du ventre du premier gobelin et enfonça sa lame dans le second.
Il faisait maintenant face aux deux gardes du corps et au mage noir. Il leva son arbalète et tira. Le mage leva la main, faisant dévier le carreau de sa course.
–Il vous faudra plus que cela pour me tuer mon jeune ami, dit le mage noir.
–C’est ce que je vois, sorcier.
– Qui êtes vous ?
–Je suis un gardien des portails.
–Un gardien ? Je ne savais pas qu’il en restait encore.
Les deux gardes du corps avaient déjà sorti leurs épées de leurs fourreaux et avançaient vers le jeune homme.
–Il en reste au moins un, sourit Denis Leblanc.
Le jeune homme savait par expérience qu’il devrait tuer le plus rapidement possible ces deux soldats sans pour autant utiliser de magie, réservant celle-ci pour le mage noir. Les deux gardes du corps étaient des soldats de premier plan, entraînés à tuer.
Il étudia le langage de leurs corps pour anticiper leurs attaques. Denis Leblanc attendit la première offensive. Il para et abattit sa lame sur le bras de son adversaire. La lame fit jaillir le sang et cassa l’os. Le soldat cria de douleur et lâcha son arme. Denis releva son épée, lui trancha la gorge de façon verticale. La lame finit sa course dans la mâchoire de la créature.
Il passa son pied sous l’épée de son adversaire, la fit sauter en l’air pour l’attraper. Il pivota et la jeta dans la direction des prisonniers. La lame coupa un lien et, par conséquent, leur rendit la liberté. Le magicien grogna de rage, mais les laissa fuir. Il reporta son attention sur le deuxième garde du corps.
–Gardien, tu aurais dû jeter cette lame sur moi. Avec un peu de chance, cela t’aurait sauvé la vie, dit ce dernier.
–Mais j’ai encore la mienne.
En finissant ses mots, il fit un mouvement vers l’avant et lança son épée qui se planta dans le torse de son adversaire. Celui-ci baissa les yeux pour regarder sa blessure.
Denis Leblanc s’approcha tranquillement de lui et attrapa le pommeau. Il retira la lame du corps d’un coup sec. Le soldat s’effondra sur le sol.
– Vous êtes habile au combat, reconnut le sorcier, mais contre moi cela sera plus difficile.

Pierre
(à suivre)

LE GARDIEN (chap 1) Par Pierre

Chers amis lecteurs, en parallèle avec For Mathilda, mon blog hébergera pendant quelques temps un roman écrit par Pierre, jeune écrivain. Suspense, aventure, mythologie seront au rendez-vous dans une histoire d’heroic fantasy. Voici le tout premier chapitre. N’hésitez pas à communiquer vos impressions, tous vos commentaires sont les bienvenus !
Avertissement de l’auteur: ce texte est protégé intellectuellement. Toute reproduction est donc interdite.

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Willow, de Ron Howard (1988)
LE GARDIEN
Chapitre 1
Un adolescent courait dans le tunnel à toute jambe. La sueur lui coulait sur le dos. Les tempes lui tapaient sur le crâne à lui faire mal. Il fit pivoter sa tête tout en continuant d’avancer. Il entraperçut ses poursuivants, un groupe d’ombres qui s’avançait vers lui. L’adolescent portait dans ses bras un paquet et ne voyait pas devant lui. Il se heurta à un mur et tomba sur le sol. Ne voulant pas que son paquet soit abîmé, il le protégea de tout son corps et préféra le choc du sol sur son dos que de faire courir le moindre risque à son bien. Il se releva d’un bond et reprit sa course sans se soucier de la douleur naissante dans sa poitrine.
Ses poursuivants le rattrapaient. Ils allaient être sur lui dans quelques minutes. L’adolescent pouvait déjà entendre les bruits lourds et répétés de leurs pas qui se propageaient de plus en plus fort dans le tunnel. Il devait faire quelque chose pour sauver sa vie. Ses vêtements étaient déchirés, ils ressemblaient plus à des loques qu’à autre chose, laissant voir des blessures et des griffures. Il portait à sa ceinture en cuir plusieurs poignards ainsi qu’une épée courte. Il avait l’obligation de prendre une décision. Il stoppa sa course et se retourna en dégainant un poignard. Il visa la forme opaque courant vers lui et tira. Il entendit un grognement puis un corps s’effondrer. Un de moins, pensa-t-il. Il recommença une seconde fois. Il fit encore mouche. Ses poursuivants arrêtèrent leur poursuite. Le jeune homme reprit sa course. La chance lui avait souri cette fois-ci, mais pour combien de temps? Il voulait absolument mettre de la distance entre lui et ces ombres.
Il tourna à gauche au croisement suivant. Il ne se souvenait plus quel chemin il avait emprunté à l’aller. Il vit enfin ce qu’il espérait voir depuis plus d’une heure, une lueur au loin. Ses jambes lui faisaient mal, son souffle se faisait de plus en plus rapide, mais cette lumière lui redonnait du courage. La lumière lui semblait être un phare dans ce monde d’obscurité. Les bruits des bottes de ses poursuivants résonnaient dans le souterrain comme si elles étaient justes derrière lui. Le jeune homme s’appuya sur un mur. Son coté le faisait souffrir. Mais il devait poursuivre sans se retourner. Ses poursuivants seraient bientôt sur lui. Il réussit à atteindre la lumière.
Un voile jaune couvrit sa vue quelques seconde, le temps que ses yeux s’habituent enfin au grand jour. Il se retrouvait enfin au grand air devant la grotte d’une falaise. Une forêt s’étendait à perte de vue devant lui. Il regardait la lisière de la forêt en face de lui, Lire la suite « LE GARDIEN (chap 1) Par Pierre »