For Mathilda (12)

117. Int.  Commissariat.

Mario, dans sa tenue d’infirmier, une trousse de soins à la main, se présente auprès du préposé à l’accueil. Une vitre de guichet les sépare l’un de l’autre.

Mario
Je viens pour le blessé.

Agent
(un sourcil en angle droit) Le blessé?… (en décrochant un téléphone) Un instant.

118. Int. Commissariat. Le bureau
Mathilda montre des signes de fébrilité.

Mathilda
…Pour ma santé ! Mais merde, elle va être beaucoup moins bonne ma santé si l’autre me trouve ! Alors vous rappelez votre ambulance, et on s’y met, parce que chaque minute compte !

Williams
(en se levant) Vous serez examinée ici, si ça peut vous rassurer. Et dans ce bâtiment, vous êtes en sécurité.

Mathilda
Et mes parents? S’IL avait moyen de les retrouver? (sortant soudainement son téléphone de sa poche) J’ai pas réussi à les joindre.

Williams
On s’est chargé de les contacter, ne vous inquiétez pas. Ils seront là bientôt.

119. Int. Accueil du commissariat.

Le flic ascétique qui se trouvait dans le bureau avec Mathilda et l’inspecteur Williams, accueille Mario

Flic
Capitaine Peterson. Vous êtes le docteur Louis?

Mario lui présente la carte du toubib. Peterson acquiesce.

120. Int. Commissariat.
Mario le suit à l’intérieur des locaux tandis que le flic l’entretient de la situation.

Peterson
C’est une jeune femme qui a témoin d’un 187. Elle a été enlevée avant d’être relâchée. Notre psychologue va la prendre en charge, mais elle a besoin qu’on vérifie sa tension.

Mario traverse un open space qui grouille comme une ruche avec ses dizaines d’agents en uniforme courant ici et là, absorbés par leurs affaires. Peterson remarque le boitillement de l’infirmier.

Peterson
Vous vous êtes blessé?

Mario
Une entorse

Le flic se satisfait de la réponse d’un petit hochement de la tête. Les deux hommes arrivent en haut d’un escalier et s’engagent dans une allée de bureaux vitrés. Ils se serrent sur la gauche au passage de fonctionnaires arrivant en sens inverse, les bras chargés de paperasse.

Peterson
(en prenant à témoin Mario) Il y a pas que notre budget qu’est serré, ici.

Peterson ouvre une porte. D’un geste de la main, il invite l’infirmier à le précéder dans le bureau. Une femme aux cheveux au carré, chétive, la quarantaine d’âge, est en conversation avec Mathilda. Cette dernière lève la tête à l’arrivée de l’infirmier… Avec la surprise qu’on imagine.

Mathilda
Mario ! Mais qu’est-ce que tu…?

Peterson
(en les regardant l’un et l’autre) Vous vous…?

Mario dégaine un Smith et Wesson calibre 38 de sous sa blouse d’infirmier. L’officier de police avant d’avoir pu entreprendre un seul geste, se voit désarmé. Son holster est vide. Un flingue dans chaque main, deux fois plus de bonnes raisons de ne pas discuter les ordres du mercenaire. Il recule vers le fond du bureau. Mathilda se jette sur le preneur d’otage, sans peur de se brûler

Mathilda
Mais t’es taré ou quoi ! Tu veux te faire descendre !

Un agent en uniforme, sans doute alerté par le bruit, entre dans le bureau. Mario enroule son bras autour du cou de Mathilda, en braquant son calibre 38 sur elle.

Mario
(à l’adresse de l’agent) On va descendre tous les deux.

Peterson
On est cinquante dans ce bâtiment. Vous n’avez aucune chance.

La femme aux cheveux en carré
Monsieur, je suis psychologue. Je vous en prie, il y a d’autres moyens…

Mario n’entend rien à ses objurgations et les fait sortir du bureau. La nouvelle des événements s’est déjà répandue dans le commissariat. Des condés grimpent l’escalier, au pas de course, l’arme au poing. Il en vient de chaque côté dans l’allée, à gauche comme à droite. Les services se vident peu à peu. L’homme et son otage s’aventurent dans le couloir.

Mathilda
Pauvre connard, tu vas nous faire tuer !

Mario
Les armes par terre, où j’appuie !

Peterson
Vous ne voulez pas plus que nous qu’il lui arrive du mal. Soyez raisonnable.

Une voix
Faites ce qu’il vous dit !

L’inspecteur Williams s’est ouvert un passage dans le troupeau de flics stationnés dans l’escalier jusqu’à rejoindre le capitaine.

Peterson
Inspecteur, ici c’est moi qui donne les ordres. Vous n’êtes pas à Brooklyn.

Williams
C’est mon service qui est en charge de l’enquête ! Elle est notre seule témoin et je veux la récupérer entière !

Dans un soupir assaisonné d’un « Fais chier ! » Peterson se range aux volontés de son collègue, au combien à contre cœur

Peterson
(à l’adresse de ses hommes) Posez vos armes !

Son injonction n’est suivie d’aucune réaction.
« Posez vos armes, je vous ai dit ! » répète-t-il avec davantage de conviction.
Le glissement métallique de l’artillerie sur le sol.

Mario
Dégagez le passage !

Williams (en se tournant vers les hommes agglutinés sur les marches) Vous avez entendu?

L’escalier se décongestionne.

121. Int. Accueil
Une caméra de surveillance dans l’angle du plafond filme la scène. L’agent d’accueil lève le nez d’un magazine et, en levant le nez vers l’écran, réalise la situation.

Agent
(en se ruant sur le téléphone) Oh, merde !

122. Int. Commissariat.
Mario descend marche par marche, le dos face au mur, attentif aux moindre mouvement chez les policiers.

Son otage trompe le silence insoutenable en essayant de lui faire entendre raison.

Mathilda
(lui chuchotant) Mario, c’est du suicide ! J’étais en sécurité ici !

Mario
Pas tant que le ver est dans le fruit. Laisse moi le temps.

Mathilda
(hurlant) Du temps? Et qu’est-ce qui va te rester comme temps ? Ils vont te massacrer !

121. Ext. Devant le commissariat.
Une berline stationne derrière l’ambulance dont la place n’a pas changé. Quatre passagers en descendent, des agents de la DEA. Harrisson leur emboîte le pas.

122. Int. Commissariat.
Mario progresse dans la grande salle du commissariat, au milieu de la horde de fonctionnaires de police. Les téléphones sonnent dans le vide et c’est au désobéissant qui tentera de décrocher… non pas le combiné mais un blâme ou pire par une initiative incongrue. Un condé en civil, qui planquait une pétoire derrière lui, le sort en loucedé dans le dos de Mario. Ce dernier se retourne au mouvement de son bras. Le flic le tient en joue.

Mario
(en enfonçant le canon contre la gorge de Mathilda) Range ça !

123. Int. Accueil du commissariat.
Harrisson et ses hommes suivent la crise depuis les caméras de surveillance.

L’agent d’accueil
(tout aussi attentif) Le SWAT est en route !

Harrisson
Pas besoin, on dirait que Dirty Harry a sorti son gros flingue.

124. Int. Grande salle
Le flic tête brûlée vise toujours Mario. En vérité il est nerveux, et c’est peu dire, tant le revolver tremble entre ses mains

Williams
Douglas ! Baissez ça, nom de dieu !

Un collègue lui fait baisser le canon de son arme.
Mario atteint la sortie de la grande salle. Un policier exécute son ordre de lui ouvrir la porte.

Peterson
(à Williams, sur un ton vindicatif) Et on va le laisser sortir comme ça !

Williams
Il tient une otage. Ici on a aucune marche de manœuvre !

125. Int. Accueil
Mario fait irruption dans le hall où l’attend l’escouade de la DEA. Les cow boys défouraillent au quart de tour. Harrisson leur fait baisser la garde d’un geste ferme. Echange de regards entre lui et Mario. Un sourire court sur les lèvres d’Harrisson, messager de mauvaise augure.
Mario évolue jusqu’à l’entrée principale, le dos face au mur, de sorte à réduire les angles morts.

126. Ext. jour. Commissariat.
Une voiture stoppe de l’autre côté de la rue. Une vue large sur l’entrée.

127. Ext/Int jour. Commissariat.
L’homme et son otage dévalent les marches extérieures du bâtiment. Mario desserre son étreinte sur Mathilda pour la prendre par l’épaule. Direction, la Chrysler garée en face.
Au même moment, les flics, pareils à des bulles de champagne qui remonteraient dans un verre, gagnent la sortie au pas de charge.

128. Int. Voiture
L’homme en planque ouvre la boîte à gants d’où il sort un Beretta Automatique. Il le pose sur le siège passager et enclenche le contact.

129. Ext. La chrysler.
Le chien Vagabond est là à l’intérieur, qui aboie. Mario ouvre la portière passager. Mais pour sa prisonnière, le chemin s’arrête là.

Mathilda
(en se débattant pour se défaire de sa prise)
Tu veux mourir, alors meurs ! Mais m’oblige pas à être ton témoin !

Mario
Dépêche toi !

Mathilda
Ça finit ici, Mario. Je monterai pas !

Les policiers émergent du bâtiment avec à leur tête, Harrisson et Stevens. Ça se corse, mais les radars de Mario l’attirent sur sa droite. Une voiture surgit dont il a juste le temps d’identifier le conducteur… Gomez !

Mario
Couche-toi !

Il propulse Mathilda à l’intérieur de l’auto avant de se jeter sur elle. Une grêle de verre s’abat sur eux dans un tonnerre de coups de feu. Des hurlements. Le canardage se déroule sous les yeux des képis.

Peterson
Nom de dieu !

Des policiers ouvrent le feu sur la voiture assassine qui poursuit son bonhomme de chemin.

Williams
Cessez le feu !

L’escouade des Stups court vers la Chrysler mitraillée. Mario se dégage de Mathilda et se coule jusqu’au siège conducteur. Il met le contact. Mathilda relève la tête, sonnée.

Mario
(en écrasant l’accélérateur) Te relève pas !

Harrisson et ses sbires atteignent la voiture, en position de tir les bras tendus. Au premier crissement de pneus, éclate un feu nourri.
Mario s’abaisse sous son siège.
Une pluie d’impacts désintègre la vitre arrière et bombarde la carrosserie, mais la tire encaisse sans s’arrêter.
Concomitamment à ce ball trap, un camion du SWAT déboule dans l’autre sens, toute sirène hurlante. Le blindé s’immobilise au milieu de la rue. Des tireurs d’élite masqués s’en éjectent et mettent en joue l’équipe de fines fleurs de la gâchette.

Harrisson
(en levant son flingue) Ça va! Ça va! On est de la maison !

Un tireur
(hurlant) Mains sur la tête !!

Harrisson
(beuglant) On est de la DEA, connards ! Vous voulez voir notre plaque !? Votre client vient de vous passer sous le nez !

130. Ext. Jour. Commissariat.
Des grappes de flics en uniforme sautent dans leur voiture. Williams avise Peterson de son plan d’action.

Williams
Passez son signalement au central 13. Il faut le stopper, mais je veux pas qu’on fasse courir le moindre risque à l’otage! (en fusillant du regard Harrisson) J’aurai deux mots à lui dire, à ce propos, à cet enfoiré!

L’inspecteur se garde leur chaude discussion pour plus tard, devant parer aux priorités. Il monte dans une voiture de patrouille, côté passager.

131. Int. Voiture.
Mario roule dans les rues de Manhattan. Sa passagère relève la tête, blanche comme un cachet. Cependant ses couleurs font très vite leur retour, chaudes comme la braise de la colère. Sans crier gare, elle passe ses nerfs sur Mario en le martelant de claques.

Mathilda
(hurlant) Mais qu’est-ce que je t’ai fait, hein ! Mais qu’est-ce que je t’ai fait !

Mario
(en essayant de garder sa ligne de conduite) Arrête !

Mathilda
Tu veux nous faire crever ! Pauvre con !

Mario
T’étais morte en sortant ! C’est trop te demander un peu de reconnaissance?

Mathilda
(en se calmant) Quoi?

Mario
Gomez savait où t’attendre pour faire un joli carton ! C’est un hasard, d’après toi?

Mathilda
Il a pu te suivre !

Mario
Non, il m’a pas suivi. J’ai pu te tracer grâce au GPS de ton téléphone. Gomez n’a pas tes coordonnées, du moins il n’en a pas besoin. Il est informé de l’intérieur, certainement par Harrisson.

Mathilda
(en passant une main sur ses cheveux) C’est pas possible !

Un choc violent à l’arrière ébranle la voiture.

For Mathilda (7)

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Gomez
La Nissan rouge, à dix mètres derrière nous. Ça fait 10 minutes qu’elle est derrière nous.

Mario
Et alors? Y a cent bagnoles derrière nous !

Gomez lève le pied de l’accélérateur. Des voitures le dépassent sur la voie express.

60. Int. Jour. Voiture de Rachel

Rachel
Il ralentit… Je reste derrière lui ?

Mathilda
Non, double-le, ça va faire suspect.

Les deux véhicules se trouvent brièvement à la même hauteur. Les yeux de Mathilda et de Mario se rencontrent en un éclair. Il ne paraît pas la reconnaître derrière ses lunettes noires.

Rachel
Merde, un péage… Jusqu’où on va le suivre? Jusqu’à Philadelphie ?

Mathilda
(en se fouillant) J’ai de la monnaie.

60. Ext. Soir. Péage à la sortie du Queen Midtown Tunnel
Gomez s’acquitte du droit de passage. Six voies de circulation dans les deux sens et autant de files d’automobiles à l’arrêt. A plus de 21h, le gros rush est néanmoins passé. Rachel occupe une file voisine, sur la droite. Elle risque un coup d’œil vers la Chrysler.
Gomez dédie un regard glaçant à la conductrice qui détourne précipitamment les yeux.

61. Ext. Soir.
La Chrysler emprunte une sortie, juste après le péage. La Nissan suit ses traces à une distance raisonnable. La 2×3 voies laisse place à une large avenue dans Brooklyn cernée d’immeubles de quelques étages, la plupart en brique rouge, d’autres dont la façade fatiguée accuse le temps, mélangés à des commerces de proximité, des restaurants et des garages.

62. Int. Voiture de Rachel

Rachel (crispée)
Il m’a regardé tout à l’heure au péage, je suis sûr qu’il m’a grillée.

Mathilda
Je te dis que non, on les suit de loin.

63. Ext. Soir.
La Chrysler passe devant une zone de construction. Derrière un mur grisâtre, une grue toise son monde. A quelque cinquante mètres du chantier, un cinéma « Brooklyn West Cinema ».
La berline s’engouffre dans une ruelle à sens unique, juste derrière le bâtiment.

64. Int. Voiture de Rachel

Rachel (les yeux vers la ruelle)
Qu’est-ce qu’il va foutre par là ? (excédée) Mathilda, il est en train de nous balader !

Mathilda
Arrête-toi…

Son coup de frein impromptu lui vaut des coups de klaxon hostiles. Elle tend un doigt bien haut au mécontent.
L’oiseau, qui n’a pas vocation à s’attarder, disparaît à droite au fond de la ruelle.

Mathilda
On va le reprendre un peu plus loin. A la prochaine à gauche.

Rachel
(repasse la première, dans un soupir) T’as intérêt à ce qu’il y ait le gros lot au bout ! Je veux un super héros ou un chippendale !

65. Ext. Voiture de Rachel
Elle poursuit sur une centaine de mètres, retrouve une deuxième ruelle sur sa gauche et s’engage dedans. Une allée à l’ombre de deux immeubles de brique rouge flanqués de leurs escaliers de secours. Il y a des tags sur les façades.
La Nissan remonte la ruelle. La perspective est fermée par un paysage de béton derrière la grosse avenue au bout.
Une bagnole surgit de l’autre extrémité de la ruelle. La Chrysler se présente de face à la voiture de filature.

Rachel(en ralentissant)
Merde !

La berline avance doucement dans sa direction. Les regards des deux conducteurs s’interceptent. Rachel se fige, passive comme un piquet de métal qui attendrait la foudre.

Mathilda
Recule, Rachel !

La Chrysler accélère soudainement et vient à se coller à sa proie. Pare-choc contre pare-choc.

Mathilda
Mais recule !

Dans la panique, Rachel se trompe dans sa marche arrière. Grincement d’une boîte de vitesse qu’on martyrise. Mario descend de la menaçante voiture, une arme à la main et envoie une rafale dans le capot et dans les pneus de la Nissan, la stoppant en plein élan de marche arrière. Une fumée noire s’échappe du moteur.

Int. Voiture de Rachel
Rachel hurle de terreur. Comme le tireur s’approche, Mathilda verrouille les portières.
La jeune fille serre la main de son amie ; elle tient dans l’autre une bombe antigel. On peut s’attendre à ce que l’agresseur veuille fracturer la vitre passagère à coups de crosse. Or, il sort d’une poche une sorte de boitier électronique qu’il dirige vers la voiture… bip bip ! Déverrouillage de la portière.
Mathilda ne peut l’empêcher d’ouvrir la portière et s’en remet à sa bombe antigel pour l’aveugler. D’une manchette, Mario la désarme, la repousse sur le siège en la braquant avec son pistolet mitrailleur. Ses lunettes noires ne laissent transparaitre aucune expression dans son regard.
Rachel est en larmes. Son amie, mâchoire serrée, se serre contre elle. Son regard dit tout le mépris que peut lui inspirer Mario à cet instant.

Mathilda
(la voix étranglée par le choc) Tu voulais le gros lot, Rachel…

66. Ext. Nuit tombée. Les docks de Brooklyn. Au bord de l’Hudson
Un large quai bordé d’entrepôts. Des grues portuaires se découpent sur un ciel de nuit bleutée.
Des caristes vont et viennent entre une grosse barge amarrée et l’intérieur d’un hangar. L’architecture du bâtiment très imposante en briques rouges laisse à penser que c’était une ancienne manufacture.
67. Int. Nuit.
Depuis sa voiture garée à bonne distance, Gomez observe l’effervescence de fenwick avec des jumelles. Mario est à côté de lui.

Gomez
(tout en scrutant) Il y a deux gardes armés dehors. Je table sur une dizaine à l’intérieur… Ça va être sportif.

Il tend une photo à son partenaire. Sa lampe torche éclaire le faciès d’un homme aux chevaux blancs au regard solennel.

Gomez
La cible… On coupe à la racine, en faisant gaffe aux épines.

Des borborygmes étouffés attirent notre attention. Et de découvrir Rachel et Mathilda pieds et mains liées, bâillonnées, sur la banquette arrière.

Mario se retourne vers elles. Leur délicate posture semble le mettre mal à l’aise.

Mario
On les laisse pas là !

Gomez
(sourire froid) Si ! j’ai pas envie de m’emmerder avec des stagiaires…

68. Int. Entrepôt.
Les portes d’un utilitaire rempli de caisses se referment. D’autres camionnettes attendent d’être chargées. Des hommes armés surveillent. La fourgonnette sort du hangar.

69. Int. Voiture de Gomez
Une lueur éclaire l’habitacle.

Gomez
Cheval de Troie en approche… (dégaine de son holster un AMT Hardballer, un pistolet arme semi automatique) Go !

68. Ext. Quai. Camionnette
Deux individus dans le champ des phares. Coup de frein. Gomez ouvre la cabine du chauffeur. Ce dernier descend docilement, très attaché sa santé. Gomez s’assure de son silence d’un coup de crosse sur la tête avant de s’installer au volant. Mario monte côté passager. L’opération n’a pas pris vingt secondes.

69. Ext. Nuit. Entrepôt
Le véhicule intercepté rencontre un barrage à l’entrée. Un garde armé joue les douaniers.

Gomez
On a un peu de retard. On vient pour le chargement.

Garde
On a le compte des véhicules.

Gomez
On vient pourtant bien pour ça. Demandez à votre patron.

Garde (laconique)
Faites-voir le bon de chargement.

Gomez fait mine de chercher le papier. Il tient dans sa main droite un pistolet, canon pointé vers la portière. Au même instant, un deuxième garde s’approche du côté passager. Echange de regards avec Mario dont la main gauche se referme doucement sur son flingue calé entre les deux sièges.
Le chauffeur lui tend le bon de chargement.

Garde 1
(en le regardant) Il y a un tampon ! (sourcillant) Vous êtes le camion qu’est parti à l’instant! Mais c’est pas vous que j’ai vu !

Gomez tire à travers la portière, envoyant ad patres le douanier. Le mode silencieux étouffe la détonation. L’autre garde est abattu, dans une action coordonnée de Mario. Le chauffeur écrase le champignon. Crissement des pneus. La camionnette fait une entrée fracassante dans le hangar.

70. Int. Entrepôt.
D’énormes rayonnages hauts de plusieurs mètres remplis de caisses. De chaque côté des murs d’étagères, un large espace de circulation investi par les camions et les fenwick. Il y a un deuxième niveau, occupé par des bureaux visibles depuis le bas.
Maxwell entouré de deux gorilles, observe les opérations depuis une mezzanine métallique au premier étage. Il assiste en toute première loge à l’attaque. Ses gardes du corps se pressent de l’évacuer dans les bureaux.

Gomez lance la camionnette sur les murs de rayonnage le long desquels sont déployées des sentinelles. Mario et lui s’éjectent avant l’impact. Un formidable fracas métallique. Un garde, moins réactif, que les autres, se trouve écrabouillé contre un pilier.
Nos deux tueurs se réceptionnent sans dommage sous le tir nourri des gardes revenus de leur surprise. Ils se redressent sur leurs jambes et partent au feu chacun de leur côté.

Les balles glissent sur Gomez qui a bien pris soin de se munir de son porte-bonheur… Un pistolet mitrailleur. Ses adversaires sont fauchés à la volée. Le tueur trouve dans les chariots et les camions des points de repli, pour mieux repartir à la charge. Des caristes tombent sous les balles dans des explosions de verre et une grêle de fer.

Mario, derrière un fenwick, essuie des tirs groupés sur sa droite. La largeur du hangar amplifie l’écho furieux des balles. Une grenade l’aide à faire place nette. Deux gardes sauvent leurs miches in extremis, un autre encaisse la déflagration en pleine face. Sa jambe droite est sectionnée nette. Mario recharge son pistolet mitrailleur, grimpe dans le chariot élévateur et passe la première. Une main sur le volant, l’autre préposée au canardage. Les deux sbires encore sur pied ramassent leur arme mais échouent à riposter, criblés de pruneaux.
Un noyau dur de trois gangsters avec des mitraillettes surgit de derrière un camion, sur sa gauche, et vide son chargeur vers lui. Mario se baisse mais doit sûrement sa vie à la pile de caisses empilée sur les fourches du fenwick.

Il écrase l’accélérateur, et monte au front, baïonnette au canon. Le mur d’artillerie se disloque avant l’impact. Mario saute du chariot électrique, qui finit sa course contre un rayonnage, et se jette sur un garde. Les deux hommes roulent au sol. Mario prend le dessus en l’immobilisant et lui loge une balle à bout portant. Une nouvelle salve l’oblige à rouler sous le camion. Pénurie de munition ! Son salut vient de la mitraillette du défunt garde. A plat ventre, Mario donne la réplique aux deux assaillants. Après un échange nourri, il obtient le dernier mot.
71. Int. Entrepôt
Gomez longe les rayonnages en tenant son 11mm des deux mains. La mezzanine le surplombe. L’éclairage renvoie sur le sol l’ombre de la rambarde. Une ombre, humaine celle-ci, se dessine au dessus de la balustrade. Gomez fait montre de réflexes salvateurs. Le garde, copieusement plombé, dégringole du parapet et s’écrase six mètres plus bas. Le tireur ramasse sa mitraillette et monte vers la mezzanine.

Un sbire déboule d’un des bureaux pour le gratifier d’une rafale automatique. Gomez s’aplatit sur les dernières marches et répond du tac au tac… ou plutôt du tac tac tac ! Atteint à la jambe droite, l’homme de main se replie dans le bureau.

Gomez rejoint la plate-forme métallique et, dos au mur, évolue vers la porte en verre du bureau. Une volée de mitraille est tirée depuis l’intérieur, faisant voler en éclats la vitre. Le mercenaire sort une grenade de sa ceinture, la dégoupille et la baratte dans le trou béant. Une explosion fait trembler toute la structure.
Gomez entre dans la pièce dévastée. La fumée laisse entrevoir un monceau de gravas (le plafond est à moitié effondré) des débris de plâtre et du verre partout. Le cadavre du garde
à proximité d’un mobilier soufflé.
Une porte communique avec le bureau voisin. Il y pénètre, précédé de sa pétoire. Personne. Son flair l’oriente vers l’issue de secours du bureau.

72. Ext. Nuit. Entrepôt
Maxwell dévale les dernières marches de l’escalier. Une Mercedes est garée au bas. Il actionne le déverrouillage des portières, s’engouffre avec son attache case. La voiture s’ébranle dans un crissement de pneus.
La berline descend vers la bordure de quai. Mais au tournant du hangar, surgit un fenwick avec les fourches en avant. Les deux véhicules rentrent en collision, quasi frontalement. Le choc, violent, projette la Mercedes sur trois mètres. Mario, assis sur le chariot, fait feu sur les carreaux avant. La pétarade claque dans la nuit. S’ensuit un silence de mort que trouble juste le ronronnement du moteur.

Mario repart dans la direction opposée, au volant du chariot.

73. Ext. Nuit. Quai.
Mario se véhicule jusqu’à la bagnole de Gomez. Les portières sont verrouillées. Il parvient à ouvrir en brisant une vitre avec la crosse de son pistolet. Les deux jeunes filles se trouvent toujours allongées ligotées sur la banquette arrière. Il tire les deux prisonnières, l’une après l’autre, hors de la voiture. Il débâillonne Rachel lui donnant toute liberté pour hurler. Fermement, il applique une main sur sa bouche.

Mario
Je te libère mais tu coupes l’alarme, ok ?

Rachel acquiesce d’un hochement de tête. Il sort un canif et tranche ses liens.

74. Ext. Nuit. Quai.
Gomez s’approche de la Mercedes dont le moteur tourne toujours. Les vitres explosées donnent le spectacle du cadavre de Maxwell, sa tête couchée sur le volant. Un cri au loin sur le quai éveille son attention. Il éjecte le macchabée hors de l’auto pour se mettre au volant.

75. Ext. Nuit. Quai.
Mathilda n’a pas avalé toute sa salive et s’en gardait pour son ravisseur qui écope d’un beau crachat sur ses vêtements. Mario, impassible, sort un couteau pour trancher ses liens.

Mario
Je sais ce que tu penses… Mais si t’avais pas joué les flics, on n’en serait pas là.

Rachel, de nouveau libre, est adossée contre la voiture, les yeux hagards, en état de commotion. Les phares d’un véhicule arrivant de la zone de l’entrepôt. La vue de la lumière provoque comme un électrochoc chez la jeune fille qui se lève et se met à courir dans sa direction.

Rachel
Une voiture ! Oh merci, mon dieu ! Arrêtez-vous ! Arrêtez-vous !

Mario
(hurlant) Non ! Revenez !

Il court à sa poursuite mais Rachel a déjà fait stopper la voiture. Les yeux de la jeune fille se révulsent de terreur lorsqu’elle identifie le conducteur. Gomez ouvre la portière, le canon d’une arme dirigé vers elle. Le coup part… atteignant sa cible en pleine tête. L’assassin encaisse alors un retour de bâton, touché à son tour à l’épaule par Mario malgré tout arrivé trop tard. Gomez tente de se ressaisir mais son partenaire fond sur lui et parvient à le désarmer en écrasant son bras avec la portière. Le 9 mm tombe sur le bitume. Gomez, assis devant le volant, fait face à un calibre braqué sur lui.

Gomez
(en se tenant son épaule ensanglantée) Qu’est-ce qu’y t’arrive, putain? Toutes les deux, elles connaissent notre gueule !