Elle eut l’impression de se faire expulser par une trappe. Le numéro était déjà sensas’, mais le sas lui fit prendre une toute autre dimension. Un cosmonaute, même chevronné, s’y serait mépris, croyant voir un simple coffre, pas une porte de sortie vers l’espace. Un autre espace, peuplé de comètes échevelées que même la lumière peinait à suivre, et dont la folie leur faisait courir après leur queue.
Coline tombait à n’en plus finir. Peu de choses lui passaient par la tête. Ses pensées trop lourdes la précédaient dans sa descente selon la loi de la gravité ; les autres d’une légèreté d’âme d’enfant tombaient moins vite, suspendues au-dessus du panache de ses cheveux blonds détachés.
Un vague souvenir se débattait toutefois à la surface de ce torrent sensoriel, réminiscence d’un souvenir qu’elle faisait enfant. Passagère d’un ascenseur dont les freins lâchaient soudain, la précipitant dans une chute infinie. Le plus souvent, elle se réveillait en sursaut, parfois elle ne trouvait pas le bouton d’arrêt d’urgence. Alors la délivrance venait de ses parents.
Son plongeon lui sembla éternel. Mais c’est à croire que même l’éternité fait son temps, car une force la tira tout à coup vers le haut… par les jambes. Comme si un improbable pêcheur moulinait à toute vitesse pour remonter sa prise.
Elle voulut hurler, seulement elle s’empêtra dans ses cordes vocales. Le rideau tomba momentanément. Puis un nouveau jour se fit, en particulier sur l’expression : avoir l’esprit à l’envers. Un vide indistinct tournoyait au-dessous d’elle, au gré de ses balancements la tête en bas. Se redressant au prix de contorsion, Coline vit le restant du tableau, d’essence surréaliste. Un lapin géant, étranger aux Flandres, la tenait par les pieds entre le pouce et l’index, l’air fier de sa prise. Mon dieu, c’est un cauchemar ! se dit la captive priant pour que le monstre ne lui trouvât pas le teint carotte.
Si tel devait être son destin, elle préférait encore être croquée sans accompagnement, épouvantée à la perspective de retrouver Lucas débité en lamelles au fond d’un saladier. Ah, comment rendre à cette bête ses justes proportions ? Changer les stalactites qui lui faisaient office d’incisives en de mignonnes quenottes ?
Le lapin laissait pendouiller sa proie, sans égards pour son confort vasculaire.
Coline sentait son sang lui affluer au visage, elle perdrait bientôt connaissance. Des applaudissements montèrent quant à eux des profondeurs de l’espace. Ici-bas, la mise à mort culinaire se mitonnait-elle en public ?
L’aberration animale s’adressa à sa captive avec un zozotement incongru.
– Es-tu mazicienne ?
– Non, j’suis pas une mazicienne ! S’il vous plait, posez-moi !
– Zut, z’ai raté mon tour. Des fois za marche, des fois za marche pas !
Enfin le rongeur la remit d’aplomb, les deux pieds sur une surface stable. Elle tituba, tout étourdie. Silence, ça tourne !
Des mots peu amènes faillirent sortir de sa bouche. La prudence lui dicta de fermer son clapier.
Ici, pour se faire son trou, il faut les oreilles longues en plus des dents, pensa Coline. Puis découvrant les spectateurs de la salle, elle comprit qu’un autre critère devait entrer en ligne de compte. Car eux aussi appartenaient à la gente lapine !
Le public, depuis son fauteuil, retrouvait un peu de son âme de lapereau dans un chapeau fourre-tout d’où sortaient même des Humains. Les rôles s’étaient inversés.
Paniquée, dans un élan de superstition, Coline chercha un talisman. En l’occurrence autre chose qu’une patte de lapin. Un trèfle à quatre feuilles ? S’il en poussait, le magicien aux longues esgourdes avait tout mangé. Sa prospection s’arrêta très vite au bord du guéridon où elle se trouvait juchée. Un pas de plus et une chute l’attendait, d’au moins dix mètres à son échelle. Suffisant pour la tuer. Sauf si des lois physiques particulières gouvernaient cet univers, auquel cas une charte d’abolition de la gravité avait dû être signée.
Elle hasarda un pied dans le vide. Une main gantée de blanc la souleva par sa robe, mettant fin à ses velléités expérimentales.
En vain, elle essaya de se décrocher du treuil. Ah, s’il existait un bouton pour la faire redescendre, un levier qui ne fut pas du mauvais pied !
– Mesdames zé messieurs, à présent regardez bien ! dit le manipulateur. Ze vais remettre l’humaine dans mon chapeau.
Il la déposa au fond du couvre-chef retourné. Ce haut-de-forme non seulement se portait, mais téléportait. Sinon comment expliquer que Coline passât, par foulard rouge interposé, d’une prison de feutre à une cage à rongeur ?
– Ze retourne le chapeau… Mais où est-elle partie ?… Ah, la voilà la coquine !
Des applaudissements saluèrent ce nouveau tour de passe-passe. Un merci au public. Et un cobaye à la merci d’un prochain escamotage.
La lilliputienne sentit ses nerfs l’abandonner. Toutes ses larmes ne suffirent pas à faire fondre les barreaux implacables de sa cellule. Elle se raccrocha à son bien-aimé, parachuté quelque part dans cette dimension. Tout près, espérait-elle. Lui, qu’un tour de magie avait emmené bien plus loin que n’importe quel tour-opérateur, ne devait pas être non plus déçu du voyage. Restait le problème du retour.
Dans l’assistance, en tout cas, on n’en revenait pas.
– Et vous n’avez n’avait encore rien vu ! promit l’illusionniste, délaissant sa poupée au profit d’une grande malle.
Il en sortit un livre qu’il fit mine de feuilleter hâtivement. Puis il le jeta au public. Dans son vol plané l’ouvrage se changea en colombe et s’envola.
– Ze n’aime pas lire, zozota le drôle d’oiseau. Voyons ce qu’il y a d’autre.
Une pipe aux dimensions d’un cor de chasse. Il tira une première bouffée avec béatitude. Le nuage exhalé au-dessus de lui, d’abord d’un blanc cotonneux, devint plus fuligineux, plus menaçant. Le temps se gâtait. Puis il y eut un roulement orageux, et le cumulonimbus passa en mode essorage.
Rincé sur scène, le fumeur piocha un parapluie dans sa boîte à surprise. Un éclair en frappa la pointe métallique, transformant le pébroc en chauve-souris. Cette prouesse souleva un nouveau tonnerre, d’applaudissements cette fois.
– Il est très fort, reconnut Coline, prenant la mesure de son lapinesque adversaire.
Combattre la magie par la magie lui semblait une bonne stratégie si tant est qu’elle connût des tours. Or sa seule approche en la matière se résumait aux fameux bouillons cubes abracadabrants qu’elle plongeait dans l’eau chaude sans jamais rater son coup.
– A présent, si vous le voulez bien, messieurs dames, ze vais buller un peu, prévint l’artiste.
Une transition au premier degré avec la fantaisie suivante. D’aériennes sphères de savon soufflées d’une baguette entrèrent en gravitation autour de la star comme autant de planètes d’un système solaire. Une silhouette se débattait, piégée dans l’une d’elles, n’en menant pas plus large qu’une mouche sous une cloche à melon. Coline reconnut une forme humaine.
Quelques petits tours et puis savon. L’une après l’autre, les bulles éclatèrent, en silence, sans répercussion économique. Seul le prisonnier, rendu à sa liberté, fit une dégringolade. Une main l’arrêta toutefois dans sa chute.
– Serais-tu mazicien ? lui demanda son gargantuesque sauveur, moins inquisiteur qu’intrigué.
– Un maze ?… Euh… Oui… Enfin, il paraît ! bredouilla l’homme.
– Alors tu es un tout petit mazicien !
Un sorcier de trop petite envergure pour remplir un aussi grand cabaret. Son duo avec Coline fit cependant cage comble. Piètre réconfort.
– L’Escamoteur !
Car c’était bien lui, son costume trois-pièces un brin froissé et dont le repassage attendrait – pas de fer sous la main, à part celui des barreaux – le chapeau claque de travers sur la tête. Il donnait l’impression d’une bête au trente-sixième dessous, déboussolée, en quête d’un point d’ancrage rationnel. Ses yeux perdus riboulaient, passant et repassant devant sa codétenue, sans vraiment la voir. La jeune femme le saisit avec rudesse par les épaules.
– Oh ! Vous me reconnaissez ? Je suis Coline !
Il baissa la tête, proportionnellement toujours plus grand qu’elle. Les yeux pers un peu fardés de la jolie blonde, le grain de beauté sur sa lèvre supérieure bien ourlée, tous ces détails frottés au silex de sa mémoire ravivèrent une étincelle. Alors le plus petit géant du monde reprit quelques couleurs.
– Oui… Coline… percuta-t-il. Qu’est-ce que vous faites ici ?
– Je cherche mon fiancé… Mais je ne le vois nulle part… Et vous ? Vous vous êtes dit plus on est de fous… ?
– Quand j’ai rouvert la malle, vous aviez déjà disparu. C’est alors que j’ai été happé à mon tour, irrésistiblement. Le trou noir ne devait pas s’être tout à fait refermé. Une main a essayé de me retenir ; le capitaine Gaillard je crois, alerté par mes cris… Et voilà.
Des exercices respiratoires, les mêmes avant de monter sur scène, redonnèrent l’oxygène nécessaire à son esprit d’analyse. Aussi dingue que ça put paraître, deux amoureux se cherchaient dans une autre dimension. Par sa faute. A lui de les sortir de ce drôle de bain, en trouvant la bonde d’évacuation.
La tête plus froide, il observa son colossal collègue à l’œuvre dans un numéro de caisses gigognes. Soudain un souffle secoua son arbre à questions, en faisant tomber une très judicieuse. Cette réalité bis reposait-elle sur le même système d’emboitement des univers ? Rentrer dans la malle au centre de la scène permettrait de vérifier la théorie. Soit celle-ci les renvoyait à leur point de départ, soit l’aiguillage magique en décidait autrement.
– Il est balèze Pan Pan, hein ? chuchota Coline, le prenant à témoin de son nouveau prodige.
Le lapin avait remis les petites boites dans les grandes. Du coffre alpha jaillit son assistante, en levant fièrement les bras, telle une pin-up Bunny en cerise surprise sur le gâteau. L’exact sosie du Maître, à un détail matériel près : des boucles d’oreilles en anneaux, seule concession à sa féminité.
– Bah, c’est vieux comme le monde, tempéra l’homologue, voulant se donner un air de vieux loup blasé.
Sa voisine le trouvait pourtant encore jeunot, nonobstant les écheveaux grisâtres sur ses tempes et sa tignasse brun foncé. Tout au plus quarante ans, d’après elle. Sur le métier le Temps remettait cent fois son ouvrage, quand il ne devait pas travailler à la montre.
Elle convoqua son attention d’une tape sur l’épaule.
– L’Escamoteur… Au fait c’est quoi déjà votre vrai nom ?
– Yannick.
– Yannick, vous qui connaissez tous les trucs, vous devez en avoir un pour nous sortir d’ici, non ?
– Désolé, mais je maîtrise pas encore l’art de l’évasion !
Question prouesses, David Copperfield et lui ne jouaient pas tout à fait dans la même division. Cependant Coline regarda le rapport de force sous le prisme psychologique, déformation de son métier d’enseignante. D’expérience, elle savait les entraves à la confiance en soi encore plus dures à faire sauter qu’un cadenas inviolable. Elle laissa tomber le coupe-boulon.
– Dites, avec votre talent, vous devez être capable d’en remontrer à ce civet sur pattes !
Bras tendus appuyés aux barreaux, tête baissée, son compagnon semblait peser le pour et le contre. C’est à peine s’il dut remarquer la sortie de scène de Miss Lapin sous les acclamations d’un public qui demandait du rab, voire du râble pour les plus cannibales.
–Oh ! Vous m’écoutez ? tonitrua la demoiselle, dans le brouhaha des applaudissements. J’ai un plan. Vous le provoquez en duel ! Une fois avoir changé la terreur en terrine, vous revenez me libérer.
Un vrai jeu d’enfants, à l’entendre. Cependant l’âge requis posait question en voyant le volontaire désigné secouer la tête avec des yeux de petit garçon terrifié.
– Me mesurer à ce monstre ?… Non non ! Il faut trouver autre chose !
L’occasion s’offrait à lui de se dépasser comme jamais. Coline savait l’enjeu du défi. Sur ce coup là, l’Escamoteur jouait plus gros qu’une réputation, à savoir probablement leur salut à tous les deux.
Sourde aux supplications de son poulain, elle interpella le geôlier.
– Hé ! Magicien d’opérette ! Tu veux voir ce qu’est un vrai maestro ? Laisse mon ami te faire une démonstration !
– Mais taisez-vous ! Vous êtes folle ?
Leurs éclats de voix se perdirent, emportés par la musique d’ambiance à base de flûte de Pan. Rien ne pouvait troubler l’attention du public et a fortiori le miroir posé sur scène. Un numéro fait et reflet pendant les répétitions. Le visuel reposait sur l’interaction clownesque entre le rongeur face à la glace et son double pour le moins contrariant. Cet Autre espiègle lui jouait des tours, poussant l’effronterie jusqu’à lui botter le train à la première occasion. Et ici comme ailleurs, ce gag générait beaucoup de rires.
Coline lança ses escarpins à travers les barreaux dans l’espoir de faire mouche elle aussi. Et là, contre toute attente, le reflet la pointa du doigt. Son jumeau se retourna aussitôt, intrigué. Non sans un frisson, elle lui trouva des airs de gros félin sournois à la voracité tapie dans les replis de sa nonchalance.
– Ces petits humains sont bien azités, zézaya-t-il en enveloppant leur minuscule réduit de toute son ombre. Patience, ze serai bientôt à vous.
– Pourquoi attendre ? rebondit la captive aux yeux bleu-vert. L’Escamoteur ici présent te défie dans un tour de son choix. Accepte, si tu n’as pas peur !
– Non, ne l’écoutez pas, elle plaisante ! blêmit le challenger qui agitait l’index en désapprobation, plus vite qu’un essuie-glace épileptique.
– Peur de ce petit animal ? Moi ? se rengorgea le titanesque artiste.
– Je l’ai vu à l’œuvre. Tu fais pâle figure à côté de lui !
Pétrie d’orgueil, la vedette ne resta pas insensible à cette provocation. D’une certaine façon elle prit la mouche. Piégé dans sa paluche, son rival avait l’insignifiance d’un diptère privé d’ailes.
– Très bien, z’accepte. Ze te laisse le choix des armes, lui accorda le lagomorphe, beau joueur. Et celui de ta spécialité… Si toutefois tu en as une.
La créature lui soufflait une haleine de compost baignant depuis trop longtemps dans du jus croupi.
L’imaginaire de Yannick se nourrissait d’influences plus ou moins assumées, ce dernier n’en faisait pas mystère. C’était sûrement aussi le cas du lapin, bien qu’il le soupçonnât d’avoir digéré stricto sensu ses malheureux modèles.
Perdre la face lui était interdit, il en allait de son intégrité physique. Si je m’en sors, Coline va m’entendre ! jura le gladiateur. M’envoyer ainsi au casse-pipe !
– Oui, une spécialité ?…Euh… Trouve un truc !… Les ombres chinoises !
Le choix de cet art oriental gela le sourire imbu de son adversaire qui, l’espace d’un éclair, sembla regretter de lui avoir laissé carte blanche. Peut-être le proverbe « jeux de mains jeux de vilains » posait-il des scrupules à sa conscience, lui-même ne se considérant ni suffisamment vilain… ni surtout assez habile. Il se ressaisit très vite. Revenir sur sa parole lui aurait fait perdre toute crédibilité face à ce Tom Pouce en haut-de-forme.
– Soit ! Si tu m’impressionnes, ze te libère.
– Mais pour que nous soyons sur le même pied d’égalité, il faut me mettre à ta hauteur.
Le mammifère fronça le museau. Son nez toujours frétillant semblait flairer son rival, ou peut-être une entourloupe, les deux peut-être.
– Ca doit être dans vos cordes, ô puissant magicien ! le flatta Yannick.
– Evidemment que ça l’est. Mais n’en profitez pas pour me zouer un tour !
Là-dessus, le garenne braqua vers lui une carotte assortie à ses proportions, c’est-à-dire dont la taille eut donné de la tachycardie à un chercheur en OGM. Un Bunny ordinaire l’aurait croqué, mais celui-ci en usa comme d’une baguette de sorcier.
Alors l’Escamoteur se mit à grandir, grandir, tel le fameux haricot magique, sans toutefois jamais tutoyer le ciel ni son impressionnant homologue. Pouvoir regarder ce dernier droit dans les yeux était une chose, s’en faire un copain une autre.
Des exclamations suivies d’une marée d’applaudissements saluèrent le prodige. L’impact aurait été sensiblement le même auprès de la gente humaine en présence d’un lapin redimensionné pour jouer au basket.
– Mesdames et messieurs, cette graine d’artiste va nous faire une démonstration d’ombre « zinoise » !
Aux premières loges depuis sa cellule, Coline trouvait son compatriote encore plus tendu et blanc que l’écran vierge de ses nuits blanches. Tu peux l’épater (de lièvre) ! Fais-toi confiance ! Elle hurla des encouragements mais son compatriote n’eut pas l’air d’entendre.
Deux techniciens aux oreilles en V déployèrent une toile immaculée à travers la scène. Des arpèges mystérieux, oniriques, tissèrent, note après note, un cocon hypnotique autour des cages à miel. Cette musique continuerait d’hanter Coline.
Enfin les lumières s’éteignirent et le théâtre put commencer. Pas d’entrée en trombe mais entre ombre et lumière.
Le pantomime disposa ses mains devant le projecteur. Tout de suite l’illusion s’opéra, par petits tableaux. La captive reconnut sur l’écran qui un cheval, qui un oiseau, peut-être une alouette, dont seule l’imagination pouvait le faire s’envoler si loin… silhouette.
En retrait pendant une partie du numéro, le roi de la soirée quitta sa qualité d’observateur pour en revendiquer d’autres dans cet art figuratif.
– Ze fais mieux que ça !
Et de former le profil d’un navire. L’Escamoteur renchérit avec un Kraken qui envoya son insubmersible par le fond. Ses dix tentacules démesurés jouaient les têtes chercheuses à travers l’écran. Les bras du rongeur, au nombre plus raisonnable de deux, l’en tombaient.
– Comment fais-tu ça ? s’interrogea-t-il, épastrouillé.
L’orgueil sceptique reprenant ses droits, le maître passa derrière la toile, en quête d’une supercherie. Puis il dut bien l’admettre. Chaque appendice de la pieuvre revenait à qui de doigt.
L’ombre octopussienne faisait de l’ombre à la sienne, et bientôt à sa légende à moins qu’il ne frappât un grand coup.
Yannick, de son côté, avait encore des cartouches. Pour aller tout à fait au bout de son idée, il esquissa un fusil. La détonation qui suivit rebondit en écho dans la salle.
Un brouhaha se propagea, puis des cris paniqués à la réapparition du lapin titubant, étreignant une plaie écarlate au ventre. Sur son masque de souffrance, l’incrédulité semblait le disputer à la douleur. L’artiste soignait ses numéros, mais cette fois ci c’était à son tour de l’être, et urgemment ! Trop tard peut-être. Il s’écroula sur scène face aux spectateurs.
(à suivre)