Léo se fait la malle (1)

1. EXT. JOUR. UN VIDE-grenier

Léo baguenaude dans les allées, le pas paresseux, le nez fureteur. Il arrive devant un stand dont le gérant se démarque des autres par son costume doré et pailleté. Il est donc très chichement habillé et ses cheveux en touffe lui donnent des airs d’hurluberlu ou de savant fou.

Sur son stand: des DVD,des livres sur lesquels on peut lire le mot « magie », des jeux de cartes, des accessoires comme des chapeaux haut de forme,des petites cages, quelques costumes… Léo semble surtout intéressé par une grosse malle de la taille d’un homme, exposée au pied de l’étal.

LEO

Combien la malle?

VENDEUR

Il y a le prix dessus

LEO

Oh ! C’est trop cher…

VENDEUR

Ce n’est pas n’importe quelle malle, elle a servi à des magiciens.

LEO

Ah bon? Comme?

VENDEUR

(fièrement) Moi, Magic David.

LEO

Qu’est ce que ça change?

VENDEUR

Eh bien, cette malle vous fera voir l’invisible et vous effacera du visible.

LEO

(en partant)Mais moi je vois que mon porte-monnaie. Au-revoir.

VENDEUR

Je vous le fais à moins de 50%!

Léo s’arrête et se retourne. Cette fois il est disposé à réfléchir.

2. INT. IMMEUBLE

Léo monte les dernières marches d’un étage en traînant sa dernière acquisition. Il semble à la peine. Il croise un type en salopette bleu qui descend  l’escalier.

LE TYPE

C’est bon, j’ai réparé l’ascenseur.

Léo lève les bras dans un soupir dégouté. Inconciemment, il lâche la malle qui redescend aussi sec tout l’étage. Plus qu’à réattaquer l’escalier… ou à reprendre l’ascenseur.

3. INT. APPARTEMENT DE LEO. SALON.

Des piles de bouquins, romans, encyclopédies, et de classeurs entassés au pied d’une étagère elle même regorgeant d’ouvrages.

Léo prend une grosse poignée de livres qu’il déverse à l’intérieur de la malle posée au milieu du salon, près d’un sofa et d’une table basse. Scène suivante lorsque la caisse est remplie au trois quart de bouquins et de cassettes VHS. Léo reste quelques secondes à contempler son trésor. Une voix résonne dans sa tête, très aigue et désagréable, celle de sa propriétaire.

PROPRIETAIRE

(off) Vous avez un mois pour régler ce que vous me devez !Passé ce délai, c’est dehors !

Il referme le couvercle. Une cassette traîne encore par terre. Il la ramasse, rouvre la malle pour la ranger dedans. Or voilà quela caisse est vide ! Plus un livre, plus un cahier, rien, vide ! Il n’est pas difficile d’imaginer le regard estomaqué de Léo qui palpe le fond de la malle, comme pour vérifier qu’il ne rêve pas. Mais non, tout a disparu corps et âme. Il soulève la malle, regarde en dessous et par terre, en vain. Plus aucune trace de ses affaires. Il se frotte énergiquement les yeux, inspecte à nouveau, toujours rien. Il repose la malle, se gratte la tête. Les paroles du brocanteur lui reviennent alors à l’esprit.

BROCANTEUR

(off) Cette malle vous fera voir l’invisible et vous effacera du visible.

Le jeune homme reste les yeux rivés sur cette boîte maléfique. En fond sonore, les notes à la fois douces et inquiétantes d’une boîte à musique.

Il met un pied dans la malle puis l’autre, se recroqueville pour pouvoir se couler intégralement dedans. Il referme le couvercle de l’intérieur. Un claquement suivi d’un « Pouf ! »

3. EXT. UNE ETRANGE SALLE CARREE

Les murs sont en pierre. Une porte à chaque pan. Au milieu de la pièce se trouve une malle, la même que celle de Léo. Le couvercle s’ouvre, et qui voit-on sortir? Et oui, Léo himself! Notre héros tourne la tête de tous les côtés, le regard ahuri. Le décor a bien changé, ce n’est plus son appart. Quel est cet endroit?

Il se promène quelques instants dans la pièce, s’approche d’une porte, s’apprête à l’ouvrir puis finalement se ravise. Il marche vers une autre porte à l’opposé. Il l’entrebaille d’abord, méfiant, avant de l’ouvrir entiérement. Il franchit l’encadrement sans s’attendre à ne trouver que le néant derrière.

4. EXT. UNE PORTE DANS L’espace

Léo se raccroche in extremis à la poignée. Sa posture est des plus inconfortable, ses jambes pendent au dessus du vide spatial. Derrière lui c’est l’immensité glacé de l’univers. La porte apparaît suspendue au milieu de rien, comme le passage dans un autre monde. Léo parvient, par un balancement des jambes, à revenir à l’intérieur, sur la terre ferme.

Le voilà de nouveau en sécurité. Il reste une interrogation et pas des moindre. Dans quel monde peut-il bien se trouver?

Il entrouvre une deuxième porte, espérant trouver des éléments de réponse de l’autre côté.

5. int. UN GRAND SALON

La salle apparaît totalement jusqu’à ce que Léo lève la tête. Tous les meubles ( canapé, placards, table…) tiennent au plafond. Une gravité différente semble s’opérer ici. Puis c’est comme si une main invisible retournait la pièce, le haut devenant bas. Léo suit la rotation et atterrit sur le fauteuil.

Il reste assis, un peu étourdi. Il balaie du regard le salon avant de poser ses yeux sur un journal laissé sur une table basse. Il ouvre le canard: l’écriture est inversée. Un miroir l’aiderait à la déchiffrer. Il en repère un avec un cadre en bois et posé sur un pied, dans un coin du salon.

Léo dirige le journal vers le miroir. C’est alors que son reflet passe une main par la glace, le happe et l’entraîne de l’autre côté. Le reflet passe dans l’autre monde laissant notre héros prisonnier à sa place. Léo tambourine sur la glace en criant mais aucun son ne sort. Son reflet s’installe tranquillement sur le fauteuil et ouvre le journal.

Le prisonnier prend alors le miroir à deux mains et le secoue d’arrière en avant. Le miroir tangue tant et si  bien qu’il finit par tomber. Un bris de glace. Le reflet de Léo subit le choc à distance, et une profonde ébréchure sanglante le traverse des pieds jusqu’à la tête. Il se lève et marche en titubant dans le salon.

Léo s’extrait péniblement du miroir. Voyant l’agonie de son double, il abrège ses souffrances en finissant de briser la glace d’un coup sec. Le reflet vole en mille éclats.

Comment sortir d’ici? Après inspection notre ami ne relève qu’une seule issue, une porte qui n’est pas dans le bon sens mais se trouve tout en haut du mur. Pas facile à atteindre ! Léo se laisse tomber sur le fauteuil, désemparé.

Il prend connaissance d’un document en rouleau posé sur la table basse. Un poster représentant un bâteau pirate voguant sur les flots. Par désoeuvrement, il punaise la photo au mur, et se prend à la contempler avec la satisfaction de quelqu’un qui a refait sa déco.

C’est alors que le poster s’anime et la mer en jaillit comme l’eau d’un barrage brisé, propulsant le bateau dans la pièce. Léo tente de colmater avec son corps mais il se ramasse une douche monumentale. Il trouve son salut en retirant les punaises: le poster tombe par terre en se réenroulant. La cataracte est stoppée aussi nette.

Le salon trempe à présent dans un centimètre d’eau. Le bâteau pirate de la taille d’un modèle Playmobyl flotte sur ce lac improvisé. Léo pousse un « Ail ! ». Les pirates ont lancé un grappin sur lui, dans l’intention évidente de l’aborder. Il retire l’ancre de son molet (c’est un tout petit grappin à l’échelle du navire), l’examine avant de lever la tête vers la porte perchée.  Il tire alors sur le mini grappin comme il déroulerait un fil d’aspirateur, le fait tournoyer au dessus de sa tête pour le lancer ensuite jusqu’à la porte. Le grappin s’accroche à la poignée. Léo teste la solidité du fil avant d’entreprendre son ascension. Il parvient en haut.

(à suivre)

3 réflexions sur “Léo se fait la malle (1)

  1. Hello Nico !
    Qd je suis passée la fois dernière , je suis tombée sur Léo 2 , du coup ,je me suis dit ,
    dès q j’aurais du temps , je viendrais tout lire dans l’ordre !
    J’ai savouré le premier chapitre , je suis prête pour le deuxième !
    Bien sûr , je ne t’ai pas oublié pour les Fêtes de Noël !!!!
    J’ai fait un peu de théâtre et de cinéma à l’école , et j’aime cette atmosphère , à la Tennessee Williams , avec les instructions et décor & lumière ,atmosphère!!! ,
    les dialogues et le texte narrateur ( chez TW les monologues de l’ oeil de l’histoire , l’histoire change de pt de vue , le monologueur est alors différent )
    Je vais lire le 2 now ! See you on the next page ! F@ith°°°°°°°°°°°

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