FOR MATHILDA (4)

Photo glanée sur le blog :  Dpixel365's Blog Everyday Life captured in a single moment
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Everyday Life captured in a single moment

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26. Ext. Jour. Une rue passante de Little Italy.
Mathilda et Rachel, sa meilleure amie, marchent d’un pas flâneur. Rachel, dans les mêmes âges que Mat, est une belle petite blonde, en jean et t-shirt sobre, avec des cheveux lisses attachés en arrière,

Rachel
Tu viens avec moi à la fête?

Mathilda (songeuse)
Je ne sais pas. J’ai encore du travail.

Rachel
Mat ! tu vas pas me faire ça ! Ce soir c’est la fête ! et le seul truc que tu vas étudier ce sera des beaux petits culs de mecs.

Mathilda
Ecoute, j’ai pas la tête à ça.

Rachel
Mais t’as jamais la tête à ça ! Tu veux pas finir vieille fille !

Mathilda
Non ! (sur un ton mystérieux) J’ai vu un garçon hier soir.

Rachel (avec excitation)
Aaah ! (bombardement de questions) Comment il s’appelle ? Il est d’où ? De la fac ? Je le connais ?

Mathilda
C’est le type qui m’a sauvé dans le parc… Il est passé au magasin hier soir.

Rachel
C’est formidable ! J’espère que cette fois t’as pu te jeter à son cou ! Dis-moi tout !

Mathilda
Il doit avoir dans les 25 ans, plutôt beau gosse, mystérieux. Je sais pas grand chose sur lui. Juste qu’il s’appelle Mario.

Rachel
Quoi? Et c’est tout? Vous vous êtes dit quoi?

Mathilda
Il aime les bégonias, il m’en a acheté un. J’en ai pas su beaucoup plus…

Rachel
Mais il fallait le tanner ! Est-ce que tu l’as mis à l’aise, au moins ?

Mathilda
Ben, j’ai bien pensé à le faire s’asseoir et à me frotter à une barre en cuivre (imitant le mouvement d’une gogo danceuse) Ecoute, avec ses lunettes noires et ses phrases au compte-goutte… Je n’avais pas peur, non… Mais il me troublait!

Rachel
Il bosse peut-être dans un truc secret, genre CIA ! Vous vous reverrez?

Mathilda
Je ne sais pas.

Rachel
(déçue) Çà veut dire non… T’as pas assurée, ma vieille.

Mathilda
C’est mieux ainsi, s’il est du genre barbouze. Je veux pas épouser un courant d’air!

Rachel (avec des yeux coquins)
Qui te parle déjà de l’épouser? Tu brisais la glace au pieu.

Mathilda
(agacée) Je suis pas une Marie couche-toi-là, d’accord ?… Moi j’ai besoin d’aimer vraiment pour le faire…

Rachel marque un arrêt cependant que son amie continue de marcher.

Rachel
(lui crie) Et à quoi tu le reconnaîtras le vrai amour si tu l’as jamais vu avant?

27. Ext. Entre chien et loup. Mulberry Street.
L’avenue est envahie de monde pour le coup d’envoi des festivités de San Gennaro.
Des chars fleuris cheminent entre deux rangées d’étals de chaque côté du boulevard. Sur l’un d’eux, des musiciens coiffés d’un béret aux couleurs de l’Italie jouant de la trompette. Tout un cortège de chars, de fanfares, de gens déguisés en costume folklorique. Une pluie de confettis.
La foule se presse aux dizaines de stands de pâte fraîche, de pizzas et de glaces, installés en bordure.
Des costumes traditionnel de diverses provinces d’Italie, Sardaigne, Vénétie. Sont convoqués également, les grandes figures de la culture latine en particulier de la commedia del arte, entre autres des Arlequin.

28. Ext. Soir. Ruelle.
Une demi-douzaine d’arlequins longent une ruelle adjacente à Mulberry Street. Certains tiennent leur masque à la main. Ils rigolent, quelques uns fument une clope. Ils passent devant une porte dérobée métallique qui donne sur l’arrière d’un commerce.

Au passage du dernier arlequin un peu à la traîne, la porte s’ouvre et une main le happe vers l’intérieur. Un bruit de coup de poing. Les autres continuent sans ne se rendre compte de rien.

L’arlequin ressort et va rejoindre ses camarades. A la différence que ce n’est plus le même. C’est Mario.

29. Ext. Soir. Mulberry Street.
Des Arlequins avec leur costume bigarré et leur masque grimaçant, exécutent une danse tout en suivant un char fleuri. Au dessus de leur tête, des illuminations. Mario s’immisce dans la parade en tentant de se caler sur la chorégraphie. Son attention se tourne très vite vers la foule amassée. Sur sa gauche, un restaurant italien, à l’enseigne brillant de mille feux : Chez Minelli.
Un groupe d’hommes en costume austère parlent devant l’entrée du resto.
Mario fait mime de parader sans les lâcher des yeux. Les deux types rentrent dans le restaurant.

Mario s’éclipse du cortège en continuant ses airs de danse.

30. Int. Le restaurant Minelli.
L’établissement est plein. Mario entre et cherche des yeux les deux individu. Aucune trace d’eux. Arrive un serveur au crâne dégarni.

Serveur
Bonsoir monsieur. Vous désirez une table?

Mario
Des hommes en costume gris sont entrés. Où sont-ils ?

Le serveur (sourcils froncés)
Vous avez réservé avec eux ?

Mario
Non.

L’homme
Alors je n’ai pas à vous répondre. Vous prenez une table ?

Mario (froid)
Où sont-ils ?

L’homme (sèchement)
Bon, écoutez, ou vous prenez une table, ou vous retournez parader avec vos petits copains dehors.

L’arlequin dégaine un silencieux qu’il lui colle contre la tempe. Des clients attablés glapissent de terreur.

Mario
(rugissant) Dernière fois ! Où ils sont ?

L’homme (pétrifié)
Oh, déconnez pas ! je suis pas censé vous le dire, moi. Ils me feraient la peau.

Mario
(en pressant un peu plus le canon du flingue) T’as cinq secondes.

L’homme
Ok ok ! La porte au fond, derrière les chiottes !

Mario (l’entraîne, toujours sous la menace de son arme)
Viens avec moi.

Les dîneurs les regardent traverser le restaurant, stupéfaits.

31. Int. Une salle envahie de fumée de cigarette.
Quatre hommes en costume réunis autour d’une table, parmi lesquels le dénommé Gonzales reconnaissable à sa moustache. Il règne comme une légère tension dans la pièce, qui est sans doute imputable à la valise pleine de biftons en jeu. Devant la porte, un molosse armé.
Gonzales recompte la somme.

Un acheteur (avec impatience)
On peut voir la came ?

Au signal de son chef, l’un des molosses dépose une valise sur la table. Gonzales l’ouvre. A l’intérieur, reposent plein de sachets de coke.

32. Int. Un couloir aux murs ternes et fissurés
Le serveur conduit Mario jusqu’à une sorte de porte coupe-feu. Il pointe du doigt la lourde.

Mario
(en lui imprimant la marque du canon sur le front) Barre-toi .

L’otage ne se fait pas prier et se carapate. Mario soulève le haut de son costume d’arlequin, découvrant une ceinture avec des munitions et des explosifs. Il en tire un détonateur qu’il colle à la porte.

33. Int de la salle.
On frappe à la porte. Un molosse, l’arme à la main, ouvre un judas.

Lui
Le mot de passe ?

Mario
L’aigle va fondre sur la vieille buse

Bouledogue
Quoi ?!

Mario gare ses miches juste à temps, avant l’explosion de la porte. Le bouledogue est projeté dans le souffle. Mario enjambe les débris, armé de son silencieux. Les trafiquants autour de la table défouraillent avec un temps de retard. L’assaillant les abat chacun avec maestria. Des éclaboussures vermeilles sur les murs. Le tueur s’approche du garde blessé par l’explosion, gémissant. Il abrège ses souffrances.

Deux gardes se rameutent, du fond du couloir, emmenés par le serveur qu’a laissé partir Mario. L’un d’eux, apercevant Mario, ouvre le feu avec un pistolet mitrailleur. Ce dernier bascule la table en fer pour s’en servir de rempart. Il change son silencieux pour des calibres supérieures.
Un déluge de feu se déverse sur le bouclier de fortune. Le raffut métallique des balles criblant la table.
Mario opère une sortie éclair, un pistolet 9 MM dans chaque main. Les tirs se croisent. Les deux canardeurs, tous deux fauchés aux jambes, s’effondrent dans une grimace de souffrance. Un blessé à terre dépense ses dernières réserves pour viser Mario. Il n’a pas le temps de mener à bout son action. Une balle dans la tête pour lui et l’autre éclopé.

Mario évacue le champ de bataille. Il veut reprendre par le couloir, mais se heurte à nouveaux renforts en face. Trois gaillards armés. Mario tire une grenade fumigène de sa ceinture de survie. Un nuage de fumée s’épanouit. Des toussotements frénétiques. Le spadassin masqué range ses flingues, sort un couteau et se jette dans la mélasse de brume. D’horribles sons de pénétration de chair et des râles.

La fumée se dissipe. Des giclées de sang sur les murs. Un homme est étendu, sur le carreau. Les deux autres sont blessés. Le plus valide relève l’autre.

34. Int. Cuisine du restaurant.
Mario traverse les fourneaux, son surin ensanglanté à la main, sous le regard pétrifié du personnel. Il sort par la première porte de service.

35. Ext. Une ruelle.
L’arlequin remonte vers Mulberry Street où la fête bat son plein.

Deux truands, survivants du massacre, sortent par la même porte et s’entendent pour prendre la direction du cortège. L’un d’eux se tient les côtes, sûrement blessé à cet endroit. L’autre présente une rigole de sang le long d’un bras.

36. Ext. Mulberry Street.
Les hommes de main se frayent un passage dans la foule amassée, cherchant du regard le mystérieux saltimbanque.

Mario danse maladroitement au milieu d’autres artistes en costume. Il prend une clarinette des mains d’un clown musicien, lequel proteste et lui arrache l’instrument

Les tueurs évoluent dans la foule, leur attention toute tournée sur les héros de la commedia del arte. Lequel est leur homme? L’attention d’un d’eux se porte sur un danseur, plus guindé que les autres.

Des danseurs en costume traditionnel invitent des spectateurs à faire des pas de danse avec eux. Au milieu du public, une jeune fille arrête l’attention de Mario. C’est Mathilda accompagnée de son amie Rachel. Il s’approche d’elle, et l’invite à la suivre dans le cortège.
Elle se laisse entraîner en riant.

Les soupçons des gangsters s’évaporent. Un flic en uniforme surgit sur leur gauche.

Mario (tandis qu’il danse avec Mathilda)
Au café Fellini à 22 heures.

Mais elle ne l’a pas reconnu sous son masque.

Mathilda(surprise)
Pardon ?

(il soulève furtivement son masque)

Mathilda
Mario ?

Lui
Au café Fellini à 22h. J’y serai

Il lui lâche la main et retourne se noyer dans la foule. Mathilda reste plantée, l’air de n’y comprendre plus rien.

Pendant ce temps, le flic en uniforme a remarqué du sang sur le bras d’un des gangsters.

Le policier (une main sur la crosse de son arme)
Eh ! Qu’est-ce qu’il vous est arrivé ?

L’autre dégaine instantanément un 9MM et l’abat froidement. Cris de panique dans la foule.
Les tueurs s’échappent par une petite ruelle.

Un attroupement autour du cadavre du flic. Parmi les badauds, se trouve un Arlequin, lequel gagne à son tour la ruelle.

37. Ext. Un parking.
Les deux assassins s’engouffrent dans une berline noire.

38. Int. La voiture.

Le tueur blessé (à l’autre)
Merde, t’étais obligé de buter ce flic ?

L’autre
Oui ! Et ça devrait être le cadet de tes soucis. Maxwell va jamais nous pardonner ce qui est arrivé. On a pas assurés. Putain, Gonzales est mort !

L’un
Mais ce type ? C’était qui, nom de dieu ? Pour qui il travaille ?

L’autre (en tournant la clé de contact)
Je veux pas le savoir. On met les bouts !

La voiture démarre. Elle longe une rangée de voitures. Direction la sortie du parking. Soudain, une forme surgit de nulle part .

L’arlequin fantôme les tient en ligne de mire. Il ne laisse aucun temps de réaction aux deux passagers.
Le pare-brise est repeint de rouge. La bagnole finit sa course dans une autre. Une alarme rugit.