Voix off (en fond sonore : our House de Madness) Bienvenue dans Recherche appartement ou maison. Aujourd’hui Eric. Ce jeune trentenaire, écrivain d’horreur, se sent à l’étroit dans son 35 mètres carré en centre-ville de Saint Tsouin Tsouin. Jusqu’ici aucun logement n’a encore trouvé grâce à ses yeux. Il a donc décidé de s’en remettre à Jojo Plazza qui le reçoit dans son agence.
Jojo Plazza : Bonjour Éric. Alors, dites-moi tout.
Éric : Je cherche une maison avec une histoire lourde, genre drame familial, vous voyez ? Ce serait un environnement parfait pour écrire mon prochain roman.
J.P : Je vois… Une maison où la crémière a été pendue… (en toussotant, embarrassé) Bon, Eric, ne le prenez surtout pas mal mais… Les gens normaux recherchent des habitations saines…. Pas des scènes de crime.
E : Mais je suis pas un gens normal ! Je suis écrivain.
J.P : Alors dans ce cas… Et sans indiscrétions, il parle de quoi votre livre?
E : D’une maison hantée.
J.P : En té… rébenthine ?… (il rit mais Eric reste de marbre) Et sinon et vous avez un budget de combien?
E : 40 000.
J.P (après réflexion) Ouais… Vous savez retaper ?
E : Sur l’ordi ? Oui, bien sûr, je remets tous mes brouillons au propre.
J.P : Non ! Retaper dans le sens restaurer. Parce qu’ici, pour 40 000 euros, je peux avoir de l’ancien, mais avec des travaux à faire.
E : Mon éditeur n’aime pas le vieux. Il me téléphone tout le temps pour me demande : quoi de neuf d’auteur ?
J.P : Il ne va pas beaucoup aimer, alors… Bon, Eric, je me mets en chasse… Comme le tueur d’Amithyville, hé hé ! On se revoit dès que j’ai du nouveau.
E : Non, de l’ancien.
***
Voix off (fond musical : Our house, de Madness) Disposant d’un budget de 40 000 euros, Eric recherche une maison chargée d’histoire, sur Ouiniville et les environs. Notre agent va-t-il se montrer à la hauteur de ses exigences quelque peu excentriques ? Nous retrouvons Jojo Plazza 3 jours plus tard au 5 de la rue du Cimetière, pour une première visite. L’orage est au rendez-vous, mais pas Eric.
(Une demeure gothique percée de fenêtres inquiétantes.)
J.P (qui fait le pied de grue avec son parapluie) Qu’est-ce qu’il fout ? (en confidence à la caméra) Il m’a dit 40 000, j’ai légèrement dépassé… 300 000. Mais vu que la bicoque est invendable depuis la tuerie, je devrais pouvoir descendre le prix… froidement. Pan !
(Il s’abrite sous le porche de la maison, soit un joint de sa poche qu’il allume sans complexe)
J.P (face caméra) Cet endroit me rend nerveux… Ça ira mieux, après ça
(Éric arrive, habillé en ciré.)
J.P (lui serrant la main, bedo au bec) Ça va bien ? (d’un geste ample) Alors voilà. Peut-être votre futur home sweet home.
E : Cool ! Le propriétaire doit nous attendre au sec.
J.P : Ça, pour être sec il est sec vu qu’il s’est suicidé y’a 3 ans. On appelle l’endroit la maison de l’horreur.
E : En tout cas, l’extérieur annonce la couleur ! Vachement inquiétant. Je m’y plais déjà. Combien de pièces ?
J.P : J’sais pas, en monnaie j’dois avoir… (sortant sa bourse)C’est pour la machine à café.
E : Non, mais dans la maison ?
J.P : 10 sur deux niveaux… 11, selon des témoins. Il y aurait une pièce fantôme. On a beaucoup tranché à l’intérieur, mais toujours pas la question.(lui proposant son pétard) T’en veux ? C’est un cadeau de Bernard de la Villardière. (fond musical : Kaya, de Bob Marley)
E : Ah, pas de refus.
J.P : Ça va te détendre, parce qu’il s’est passé de ces trucs là-dedans !
Voix off : Tout le monde est bien décontracté, la visite peut commencer. Et l’intérieur réserve bien des surprises.