Faisons l’humour

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Pour que les crayons restent plus forts que les armes.

J’ai ressenti le besoin d’écrire ce texte. Merci d’avance pour vos commentaires.

J’ai perdu le sens de l’humour. La dérision c’est par où ? A gauche ? A droite ? Tout droit ?

Ma femme m’avait dit de prendre un GPS, mais j’ai voulu faire confiance à mon flair.

J’aperçois un panneau « blagues sur les religions », je décide de le suivre.

Oh, ça devient glissant, il faut rouler au pas.

C’est très sinueux et au détour d’un tournant, quelqu’un m’attend. Je pile sec. L’homme est tout de noir vêtu et n’esquisse pas un sourire.

« Je cherche le rire, lui dis-je. C’est bien les religions, par là ? Je suis sur la bonne voie ? »

Ce bien étrange individu ne semble pas comprendre le mot « rire ». Qu’à cela ne tienne, je lui fais un dessin.

En découvrant le croquis, mon bonhomme devient tout blanc avant de rentrer dans une colère noire. Il me dit que je suis allé trop loin.

«  Vous avez dépassé les bornes ! »

Sans doute parle-t-il de celles qui jalonnent chaque kilomètre.

« Calmez-vous, l’apaisai-je, j’ai dû passer devant « Les blagues » sans faire attention. Je vais revenir sur mes pas. »

L’homme me met en garde contre cet endroit semble-t-il très déroutant, où l’on se perd facilement dans le blasphème, et veut m’aiguiller vers une nouvelle destination. Cela s’appelle « L’intégrisme» et pour s’y rendre plus vite, il existe plein de raccourcis idéologiques.

« Ça ne m’intéresse pas, lui répond-je, moi ce que je cherche c’est l’humour. Je vais continuer tout droit et, à la première indication, je tournerai à la dérision. »

Je laisse ce triste sire derrière moi et poursuis donc ma route. Mes yeux ne peuvent se détacher de la ligne blanche, monotone, interminable. J’aperçois devant moi des clowns cabriolant dont l’un d’eux, plus concentré, donne la touche finale à une  grande fresque peinte sur la chaussée. On y voit le visage d’un vénérable barbu auréolé tirant sur un joint. Les nuages du ciel forment la fumée.

Une silhouette se détache soudain à l’horizon, grossissante, menaçante. Celle d’une immense machine de marquage de route. L’artiste tourne la tête vers l’engin, poursuit son œuvre, imperturbable. Il disparait happé sous les roues infernales. Dans le sillage du monstre de métal, la ligne n’est pas blanche mais rouge sang.

Est-ce le sort que l’on réserve à tous les clowns? Le 21e siècle sera spirituel ou ne sera pas.. Il ne le sera pas. J’ai peur.  N’aurais-je pas fait mieux de suivre le panneau « blagues sur les Belges »?

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A la mémoire de Charb, Cabu, Wolinski, Tignous, et tous les journalistes, policiers, civils innocents tombés sous les balles pendant cette tragédie.